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Extrait :
XLVIII.
1. État et caractère de l’homme du commun : il n’attend jamais ni son bien ni son mal de lui-même, mais des choses extérieures. État et caractère du philosophe : il n’attend son bien ou son mal que de lui-même.
2. Signes auxquels on reconnaît celui qui avance dans la sagesse : il ne blâme personne, il ne loue personne, il n’accuse personne, il ne parle pas de lui, il ne s’attribue ni importance ni science. Est-il dans l’embarras, il ne s’en prend qu’à lui-même. Si on le loue, il se moque à part lui de son flatteur ; si on le blâme, il ne se justifie pas. Mais, comme les malades, il s’observe de tous côtés, craignant d’ébranler en lui ce qui commence à se remettre et de retarder sa guérison.
3. Il a enlevé de son cœur tout désir ; il n’a d’aversion que pour les choses contraires à la nature qui dépendent de nous. Il fait tout avec calme ; et s’il passe pour un homme de peu d’esprit ou de peu de science, il n’en a point souci. En un mot, il se considère comme son propre ennemi, et craint de se tendre des pièges à lui-même.
[…]
L.
Demeure fidèle à ces préceptes et observe-les comme des lois que tu ne peux violer sans impiété ; et ne fais point attention à ce que l’on dit sur ton compte : car cela ne te regarde plus.
LI.
1. Différeras-tu donc longtemps encore d’entrer dans une si noble carrière et d’obéir en toute chose à la voix, pour toi désormais si claire, de la raison ? Tu viens d’écouter les maximes auxquelles tu devais ton assentiment, et cet assentiment, tu l’as donné. Quel nouveau maître attends-tu donc ? A quelles leçons ajournes-tu encore la réforme de ta vie ? Tu n’es plus un adolescent ; te voilà homme fait. Si tu persistes dans ta négligence et dans ton inaction, si tu ajoutes les délais aux délais, si tu remets de jour en jour le soin de te corriger, tu oublieras que tu es toujours dans le même état, tu vivras et tu mourras semblable au vulgaire.
2. Mets-toi donc enfin à vivre comme un homme, et comme un homme qui marche vers la perfection, et que la pratique de tout ce qui te semblera le meilleur soit pour toi désormais une inviolable loi. Que quelque peine ou quelque plaisir, que de la gloire ou de l’infamie s’offrent à toi, rappelle-toi que l’heure de la lutte a sonné, que la barrière d’Olympie s’ouvre devant toi, qu’il n’est plus temps de reculer ; un seul jour, une seule action va compromettre ou assurer tes progrès à venir.
3. C’est ainsi que Socrate est devenu un sage accompli, n’écoutant jamais en quoi que ce soit une autre voix que celle de la raison. Quant à toi, si tu n’es pas encore Socrate, sois du moins un homme qui veut devenir un Socrate.
LII.
1. La première et la plus importante partie de la philosophie est celle qui traite des maximes à pratiquer, comme celle-ci : "On ne doit pas mentir." La seconde a pour objet les démonstrations, par exemple les raisons pour lesquelles on ne doit pas mentir. La troisième confirme et éclaircit tout ce qui précède : car elle montre comment il y avait là une démonstration, ce que c’est qu’une démonstration, qu’une conséquence, qu’une opposition, ce que c’est que le vrai et le faux.
2. Cette troisième partie est donc assurément nécessaire à la seconde, et la seconde à la première. Mais la plus nécessaire de toutes, celle qui doit être le but suprême de nos études, c’est la première. Or, c’est l’ordre inverse que nous suivons. Nous nous arrêtons longuement dans la troisième partie, c’est à elle que nous consacrons tous nos soins, et nous négligeons complètement la première. Qu’en résulte-t-il ? Que nous mentons, mais que nous sommes toujours prêts à prouver par raisons démonstratives que l’on ne doit pas mentir.
LIII.
1. En toute circonstance, aie présentes à l’esprit ces paroles : "Conduis-moi, ô Jupiter, et toi aussi, ô Destinée : partout où il est arrêté dans vos décrets que je dois aller, je vous suivrai sans hésiter : car, si je vous résistais, je ne pourrais néanmoins, malgré ma coupable volonté, faire autrement que de vous suivre."
2. "Celui qui a la vertu de céder à la nécessité, nous le tenons pour un sage. il connaît les choses divines."
3. Et ceci encore :
"O Criton, si les dieux l’ont ainsi voulu, qu’il en soit ainsi ! *….
4. "…. Anytus et Mélitus peuvent me faire mourir, mais ils ne peuvent pas me nuire.**"
ÉPICTÈTE, Manuel, tr. H. Joly, Librairie Delain, 1901.
* Citation de Socrate, dans le dialogue du Criton, répondant ceci à l'annonce de sa mort prochaine, après avoir été condamné par le tribunal athénien
** Anytos et Mélétos sont deux des trois accusateurs de Socrate ayant déposé auprès de l'archonte-roi la plainte qui conduira au procès à l'issue duquel les juges le condamnèrent à mort
Questions :
1. Du point de vue de la recherche du bonheur, en quoi le sage diffère-t-il de l'homme du commun ?
2. Analysez les signes par lesquels la sagesse se montre. Le texte ne parle ici que de "celui qui avance dans la sagesse", et non du sage accompli : pourquoi, selon vous ?
3. Si le sage "a enlevé de son cœur tout désir", cela signifie-t-il pour autant que son corps n'en éprouve pas les élans ? Montrez en quoi ce détachement, appliquant les préceptes de la doctrine, est un effet de la sagesse.
4. L'état du sage est qualifié de "calme" : expliquez en quoi le bonheur consiste à n'être troublé par rien (l'ataraxie).
5. L'exhortation finale du texte distingue le fait d'avoir reçu un enseignement, de son application pratique. En quoi "vivre comme un homme", c'est vivre "comme un homme qui marche vers la perfection" ? Est-il possible de faire autre chose que cheminer vers la sagesse ?
6. Expliquez : "l’heure de la lutte a sonné, […] la barrière d’Olympie s’ouvre devant toi, […] il n’est plus temps de reculer".
a) Pourquoi la sagesse est-elle un combat permanent ? Est-ce compatible avec le "calme" repéré plus haut ? Pourquoi ?
b) Que signifie "la barrière d’Olympie s’ouvre devant toi" ?
c) Pourquoi est-ce un devoir que de mener ce combat ?
7. Expliquez : "si tu n’es pas encore Socrate, sois du moins un homme qui veut devenir un Socrate."
a) Pourquoi celui qui est sur la voie de la sagesse a-t-il besoin d'un modèle ?
b) Socrate est-il simplement un exemple à suivre, ou bien le type même de la sagesse ? Analysez l'expression "un Socrate".
8. Analysez la manière dont cette conclusion ressaisit l'ensemble du parcours en nous en produisant un résumé.
a) Identifiez ses étapes.
b) Différenciez entre deux ordres : un ordre chronologique, et un ordre des raisons.
9. Le texte s'achève sur un consentement à l'ordre des choses, et à son origine divine : pourquoi, selon vous ?
10. Analysez les deux citations prêtées à Socrate par Platon, dans le dialogue du Criton :
a) alors que Socrate a été condamné par le tribunal athénien, après une plainte déposée par trois hommes, pourquoi invoque-t-il la volonté des dieux ?
b) L'un des chefs d'accusation motivant la plainte était que Socrate, impie, ne vénérait pas les dieux de la cité. En quoi cette parole est-elle, dans ce contexte, plus et autre chose que l'usage qui en est fait ici par le stoïcisme d'Epictète ? Affirmant cela, Socrate n'est-il pas, finalement, occupé à se défendre contre ce dont il a été accusé ?
c) En quoi "faire mourir" Socrate, ce n'est pas lui "nuire" ? Que signifie, ici, "nuire" ?
d) L'acceptation par Socrate de la sentence qui le condamne à mort ne constitue-t-elle pas, finalement, l'unique moyen d'établir qu'il est innocent du crime dont on l'accuse ?
e) Selon vous, l'usage qui est fait, dans le Manuel, de ces deux citations, ne les détourne-t-il pas dans le sens de la doctrine stoïcienne ?
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